jeudi 2 septembre 2010

C'est ça que je dis (parce que c'est chaque jeudi !) tome 2

DES WOERTH ET DES PAS MURES

Ainsi donc M. Éric Woerth, vous seriez victime « d’une lapidation médiatique ». Rien que ça ! « C’est un peu une chasse à l’homme comme il existe des chasses à courre, poursuivez-vous sans fard et la métaphore en bandoulière. Sauf que c’est moi qui joue le rôle du cerf ». J’imagine assez bien des journalistes en rut, calepin dans une main, appareil-photo dans l’autre, suivre votre trace avec des chiens renifleurs dans des sous-bois épais où votre femme et vous-même vivriez réfugiés pour échapper à la meute du scoop et au qu’en-dira-t-on de la finance. En quelque sorte, les plumitifs seraient comme « des bêtes en courre », voilà qui vous rapproche encore de cette brave Liliane !


Sauf que rien ne « cerf » de courir quand il y a autant de sangsues à vos trousses. La presse qui a certes quelques torts mais surtout le mérite d’exister ne s’acharne pas. Elle fouille, trouve, vérifie et révèle. Et une révélation en cache souvent une autre vous concernant de près M. le ministre du Travail. Qui plus est, quand ce n’est pas vous, c’est madame…

Oh, je ne juge rien, qui suis-je pour cela ? De plus aguerris, fins limiers autorisés y viendront vite. Mais je m’arrête par contre sur vos mots. Leur sens. Ce qu’ils nous renvoient à la gueule. Vous disiez donc lundi dans les colonnes d’un quotidien national : « Je subis depuis deux-trois mois une sorte de lapidation médiatique assez impressionnante. Tout cet acharnement, c’est fait pour tuer. »

Lapidation médiatique. Cette tournure aussi est faite pour tuer. Ou, à tout le moins, tenter d’annihiler toute contestation à venir. Essayer a minima de la renvoyer dans le lointain quand on a très chaud aux fesses. Mais cette formule est lamentable. Parce qu’elle s’inscrit dans une collusion d’actualité destinée à accentuer votre posture victimaire.

La lapidation, ce n’est pas un mot anodin. C’est la seule forme de torture qui a encore cours - même si on la chasse - au XXIe siècle. C’est un châtiment corporel moyenâgeux qui est exécuté à coups de pierres tranchantes en place publique et qui est d’une violence inouïe dans les pays islamiques où il est encore pratiqué.

Or le terme de lapidation, peu usité dans les journaux occidentaux vous en conviendrez, avait été employé la veille de votre interview. Presque unilatéralement. Pour une occurrence nettement plus préoccupante que le cas du soldat Woerth. Il s’agissait d’alerter l’opinion publique internationale sur le funeste destin promis par les autorités de son pays à Sakineh Ashtiani, une Iranienne de 43 ans, condamnée à mort par lapidation pour adultère. Comme si une incartade sexuelle méritait une issue aussi extrémiste...

Et vous, Éric Woerth, n’avait rien trouvé de plus malin que de faire le facétieux sémantique, l’innocent aux mains pleines, le tourmenté médiatique, de se glisser dans la peau de celui que l’on voue aux gémonies, qu’on livre en pâture. Comme s’il y avait du Sakineh Ashtiani dans cet Éric Woerth outragé qui n’a jamais rien fait - ou si peu - pour séparer ses serviettes ministérielles des fourchettes en or de L’Oréal. Et qui, en retour, n’a essuyé finalement que des formules… lapidaires.

Hier encore, nous apprenions cher ancien trésorier de l’UMP que vous êtes que votre successeur à ce poste a lui aussi œuvré chez L’Oréal ! C’est incroyable cette passion commune pour le maquillage… des convenances dans ce parti présidentiel.

Vous foutant peu ou prou du sort de Sakineh Ashtiani comme de votre première chemise bien repassée, vous ne vous embarrassez pas, lorsque l’aubaine se présente, de vous abriter derrière son exposition médiatique pour en tirer le meilleur profit lacrymal. Mais cela ne trompe personne. Tandis que tous ceux qui à la chasse accourent espèrent l’hallali, notre ministre du Budget encaisse toujours les coups et essaye de rester droit dans ses certitudes et ses contradictions. C’est que la place est bonne. Alors, honteusement, vous faites contre mauvaise fortune… bunker.

2 commentaires:

  1. Tu pousses, quand même, c'est pas sa faute s'il a des trous de mémoire, le Eric, il ne se souvenait plus de cette fameuse lettre recommandant la légion d'honneur au boss de sa femme. C'est que ça remonte, 2007!

    Bon, j'avoue, je te laisse ce petit mot uniquement pour t'encourager à poursuivre ce blog qui démarre sur des chapeaux de roue, malgré l'absence d'interactivité (ils sont où les gens? Commentez sur Facebook et ici, please!!).

    Well done!

    RépondreSupprimer
  2. Qui c'est les plus forts?
    Evidemment c'est les Woerth......
    (OK,je sors....)

    RépondreSupprimer