jeudi 11 novembre 2010

C'est ça que je dis : tome 13

LE PETIT DES GRANDS DE CE MONDE
Françaises, Français
Je tiens à vous rassurer notre Président est bien arrivé à Séoul pour le G20. Ce matin, il a pris son petit déjeuner (une Ricoré du Sud sans doute) en amoureux à bord de son nouveau joujou : Air Sarko One.
Le voyage s’est déroulé sans nuages. De quoi faire taire les critiques des esprits obtus qui s’offusquaient du montant de ce paquebot des airs acheté pour la modique somme de 180 M€ à Air Caraïbes et des innombrables vols d’essai vers Tahiti.
Et vous savez que même avec une enveloppe de plus de
91 M€ pour tous les aménagements et la déco, ce ne fut pas si facile que de convertir cet A 330-200 de 324 places initiales en un avion VIP d’une soixantaine seulement avec chambre, salle de bains et vaste espace de réunion. Mais il n’était pas question que notre Président ne soit pas à son aise. Car chacun sait qu’il voyage beaucoup. Et qu’il n’a que trop souffert dans ces Falcon inadaptés aux vols longue distance qui devaient parfois faire des escales. Alors, il est inutile d’engager des polémiques stériles pour un palace des airs à 20 000 € l’heure de vol qui a l’avantage de filer d’une seule traite.
Vous connaissez la volonté de notre Président d’être au dessus de tout soupçon. Ainsi, pour plus de discrétion, il a eu la présence d’esprit d’amputer ce montant sur le budget de la Défense qui, en ces temps de paix planétaire, n’a de toute façon besoin ni d’armements superflus ni même d’astiquer ses vieux missiles.
Et lorsque le rapport annuel du budget de l’Armée a laissé apparaître que l’entretien de Air Sarko One coûterait 49 M€ par an pendant trois années pour 700 heures de vol prévues, notre Président a eu raison de vouloir stopper aussitôt toute velléité de contrôle. Un scandale d’État est si vite arrivé…
En effet, un député socialiste, celui là même qui est chargé de l’examen du budget des Armées, s’était mis en tête de visiter Air Sarko One pour mieux vérifier les dépenses et les ors intérieurs. Et pourquoi pas le faire visiter à la presse tant que vous y êtes ! Devant une telle outrecuidance, attitude révélatrice d’un parlementaire gauchisant, notre Président a évidemment refusé tout net et s’est même promis de faire battre cet apparatchik dans sa circonscription. Non mais !
A un journaliste spécialisé aéronautique, qui ne pouvait s’empêcher d’ergoter sur le fait que l’ancien airbus présidentiel ne coûtait que 4,1 M€ pour 1 700 heures de vol, notre Président a eu beau jeu de revenir à l’essentiel pour dire qu’à compter de la 4e année, cela ne sera plus que 10 M€ par an. Ces reporters ont toujours le chic pour s’attarder sur des détails et oublier l’essentiel. Même les économies faites sur le budget de la Nation.
Air Sarko One est également à l’abri des brouillages et des contrepèteries. Un dispositif à 25 M€ a été installé pour pas qu’on ne lui brouille l’écoute. Maintenant, s’il tient vraiment à la contrepèterie, notre Président peut se diriger vers sa chambre nuptiale avec ce lit aux mensurations de rêve - peut-être pour évoquer les plus belles années de notre Carlita - 2 mètres sur 2,2. Bigre. Afin que nos occupants élyséens soient perturbés le moins possible, cette suite (dans les idées) a été agencée juste derrière la cabine de pilotage moins pour que l’on saisisse le manche que pour être à l’abri des turbulences.
Pendant ce temps-là, à l’opposé dans la carlingue, les happy few du genre époux Balkany, Christian Clavier ou David Douillet peuvent taper le carton en class business avec les gardes du corps.
Et bien voilà, nous avons placé notre Président dans les meilleures conditions pour qu’il puisse convaincre ces amis du G20 à Séoul que nous devons moraliser notre système financier et faire des économies de grande échelle.
Quant à moi, je vous laisse M. le président pour aller tapoter sur le site Internet de Ryanair. Des fois qu’il y ait un billet à 49€ pour Djerba…

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